>› a piece of me
Les choses changent vite, bien trop vite. Si la vie de Kara a été jusqu’ici un long fleuve tranquille, cela fait quelques mois que les vagues la submergent désormais, et qu’elle se sent perdue.

Kara est née à Heaven Hill, fille unique de parents bossant tous les deux dans le domaine de la médecine. Il ne fut pas bien difficile pour elle se savoir dans quel domaine elle se dirigerait une fois arrivée aux études supérieures. La blonde a toujours admiré ses parents, et d’un tempérament curieuse, s’était intéressée réellement à ce qu’ils faisaient dès son jeune âge.

C’est à ce jeune âge qu’elle rencontre ceux qui sont à l’heure actuelle, ses meilleurs amis. Sammy, Max, et Elias. Les inséparables, ceux qui ont fait les quatre cents coups ensemble. Lorsque l’heure des études supérieures sonna, il paraissait naturel à la petite bande de prendre une colocation tous ensemble. Et puis, ça rendait aussi les trajets à la fac, beaucoup moins chiants.

Et c’est là que tout se complique. Les premières années, la colocation est idyllique. Tout le monde valide ses examens avec succès, tout le monde semble motiver à continuer son cursus. Elias et Kara… Tout le monde avait toujours su, et surtout vu, qu’ils s’aimaient plutôt bien. Et la colocation avait plutôt aidé à ce rapprochement. Elias, c’était un peu le seul à respecter quand Kara demandait de la tranquillité pour réviser. C’était aussi le seul qui savait la comprendre sans qu’ils n’aient à se dire un mot. Elias, le réservé, il réussissait à se lâcher un peu, quand Kara l’y poussait.

« Parfois j’ai l’impression que t’es le seul à vraiment savoir qui je suis, Elias. » Lui avait-elle confié, pompette, au détour d’une soirée. « Qu’est ce que tu veux dire ? On est tous là pour toi, Kara ! » Avait-il répondu. « Ne me force pas à te le dire comme ça, je suis timide et pompette, tu vois bien ! » S’était-elle finalement esclaffée timidement. Ils voyaient parfaitement tous les deux ou elle voulait en venir. Mais la timidité les avait empêché d’être honnête.

Et puis tout finit par basculer. Un jour, Elias reçoit un appel. Sa mère est gravement malade. Et du jour au lendemain, dans l’urgence, il embarque un sac, laisse tomber son cursus et quitte la colocation, y laissant toutes ses affaires, promettant de revenir. Mais il finit par ne plus donner de nouvelles. A ne plus répondre. Et les mois passent… Cinq, pour être précis. Elias est toujours à Bluebell, ou aux alentours, dans la maison familiale et pour autant, c'était comme si il avait disparu.

C’est à ce moment là que Kara se sentit perdue. Son repère, son pilier, était parti. Et la solitude n’aidant pas, c’est à ce moment là qu’elle su trouver en Max un confident de choix. Petit à petit, le sourire d’Elias s’effaça de sa mémoire, laissant place à celui de Max. Et depuis maintenant deux mois, ils sont ensemble.

Et puis un jour, Elias passe sans prévenir à la colocation. Un matin. Tout le monde est plus ou moins prêt à partit pour la fac, alors tout le monde est gêné, car personne n’a trop le temps de discuter. Et surtout, Elias se rend compte que sa chambre est occupée. Que ses affaires ont été mises de côté. Et que Max et Kara sont proches. Trop proches. Kara ne saurait dire ce qu’elle avait décelé dans son regard, lorsqu’il avait compris, pour eux. Finalement, après quelques politesses, ils partent tous en chemin de la fac. Sauf elle. « Tu sais… C’est toujours ta chambre… Mais c’était galère le loyer avec toi en moins, alors on sous loue à un ami de Sammy. » « Je venais juste récupérer quelques affaires. » « Tu peux toujours revenir quand tu veux… » « T’en fais pas, ça va. » Elle baissa les yeux, dépitée de ne plus savoir parler à celui à qui il y a quelques mois encore, elle aurait tout dit. « Comment va ta mère ? » « Bien mieux, son état s’améliore vraiment. » « Tant mieux… Et… Toi ? Tu comptes faire quoi maintenant ? » Il haussa les épaules, incapable de répondre. « Tu… Tu ne donnais pas de nouvelles, et tu es parti longtemps… Alors… » Elle se sentait obligée d’aborder le sujet Max. Mais elle n’en eut pas le temps. « T’es pas obligée d’en parler. Tout va bien. » Il posa sa main sur la sienne, comme pour la rassurer, et ils sentirent tous les deux ce courant qui passait entre eux. Elle aurait pu lui dire qu’elle l’aimait, là, maintenant, mais ça n’était vraiment pas le moment.

Après ça, Elias est parti, à nouveau, pour prendre soin de sa mère, le coeur sans doute meurtri par les agissements de ses colocataires. Depuis, Kara erre sans but. Elle est perdue. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’Elias hante à nouveau toutes ces pensées. Peut-être qu’un jour, elle saura se sortir de cette situation.